À la fortune du mot

< mardi 11 février 1997 >
Vocabulaire

Profitons du Mardi gras pour faire tomber quelques masques...

Carnaval. Il y a gros à parier que ce terme, qui évoque bombance et ripaille, a d'abord signifié « entrée en carême ». L'étymologie, en tout cas, le laisse soupçonner puisque le mot florentin carnevale, qui s'est répandu en Europe au XVIe siècle, serait issu de l'expression carne levare, ôter la viande. Le paradoxe, au demeurant, est moins grand qu'il n'y paraît : le carnaval précédait, on le sait, les quarante-six jours maigres du carême...

Chienlit. En popularisant le mot dans un discours, resté célèbre, sur les événements de mai 68, le général de Gaulle savait-il qu'avant de signifier « pagaille », chienlit avait désigné un masque, voire un personnage de carnaval ? Ce n'est pas impossible, car le bougre avait des lettres. Il n'est pas même exclu que l'intéressé, en militaire qui se respecte, ait eu une pensée pour les origines — un tantinet crues — du mot en question : ne s'appliquait-il pas, initialement, à quiconque... déféquait au lit  ? Quoi qu'il en soit, cette allusion à une situation qu'il devait trouver passablement... merdique aura porté bonheur au général : tout, ensuite, rentra très rapidement dans l'ordre !

Confetti. Qui s'avise encore que celui-là a quelque chose à voir avec notre français confit ? Les confetti (pluriel italien, francisé depuis) n'étaient autres, en effet, que les dragées qu'on lançait aux enfants, lors du carnaval de Rome. Par la suite, les sucreries furent remplacées par des boulettes de plâtre, puis par les rondelles de papier coloré que nous connaissons aujourd'hui. Tout fout le camp, nous direz-vous. Avouez pourtant que l'ancienne formule devait coûter... bonbon !