À la fortune du mot
Côté cour, Roméo merci, notre langue n'est pas précisément avare d'images...
Avoir un cheveu pour un homme. Cela ne signifie pas forcément, mesdames, que vous le trouviez au poil mais, à tout le moins, qu'il ne vous laisse pas indifférent : ne dit-on pas, pour ne point trop s'éloigner de la métaphore pileuse, que l'on se coiffe de quelqu'un ? Pour autant, pas question de lui tresser des couronnes ! Le cheveu montre assez, par ce qu'il suggère de ténuité, qu'il s'agit là d'une amourette sans lendemain...
Aimer comme ses petits (ou menus) boyaux. Rien à voir, le pluriel l'atteste, ni avec le membre viril (que certains patois du Nord appellent en effet petit boyau) ni avec l'ombilic, n'en déplaise à Ambroise Paré : on fait ici allusion à l'intestin. Rien d'étonnant à ce que cette comparaison plutôt triviale évoque un attachement... viscéral : les tripes, dans la langue familière, ont toujours symbolisé la sensibilité, au même titre que les entrailles — dans un registre plus noble, il est vrai !
Se donner des noms d'oiseaux. En règle générale, ces derniers volent bas puisque, chacun le sait, il s'agit d'insultes. Une connotation péjorative à rapprocher, probablement, des locutions drôle d'oiseau, vilain oiseau... à moins qu'elle ne s'explique par la proportion élevée de volatiles qui laissent des plumes en passant du propre au figuré : bécasse, corbeau, dinde, oie, paon, perruche, pigeon, etc. Claude Duneton n'en propose pas moins, dans son Bouquet des expressions imagées (Éd. du Seuil), une acception autrement positive de ladite expression : « roucouler amoureusement ». Évidemment, si l'on songe aux blanches colombes et aux tourterelles...