Le français a fait bonne figure à Atlanta

Cocoricoca-Cocoricola ?

< mardi 10 septembre 1996 >
Chronique

N'en déplaise à notre vénéré président, les occasions de pavoiser sont trop rares pour que l'on ne revienne pas sur la divine surprise de l'été : ce furent de bons Jeux pour la France. Non seulement parce que nos athlètes ont rempli leur contrat ; mais aussi parce que le français, langue officielle de l'olympisme (merci Coubertin !), est parvenu à faire entendre sa voix, ce qui n'allait pas de soi chez Oncle Sam. Le président de l'Observatoire national de la langue française, Yves Berger, n'a d'ailleurs pas caché sa satisfaction à notre confrère Le Point : « La langue française a en quelque sorte gagné aux Jeux une médaille d'or aux reflets d'argent. » Si on l'en croit — et on ne demande qu'à le croire —, la Charte olympique a été pleinement respectée. Dont acte !

Loin de nous, de toute façon, la tentation d'ironiser. Quand les prises se font rares, il serait malséant de critiquer ceux qui se cramponnent aux symboles. Bornons-nous à souhaiter que l'arbre desdits symboles n'en vienne jamais à cacher la forêt des tristes réalités. Dans un numéro consacré à l'enseignement du français à l'étranger, Le Monde de l'Éducation dressait récemment de la situation un bilan autrement contrasté. S'il est exact que le français reste, avec l'anglais, la seule langue à être parlée sur les cinq continents, son espace pédagogique se rétrécirait comme peau de chagrin. Plus que jamais, sa survie semble liée au maintien, dans les systèmes éducatifs, d'une seconde langue. Mais ceux qui réclament aujourd'hui, à cor et à cri, le plurilinguisme savent qu'il leur faut aussi balayer devant leur porte : avons-nous nous-mêmes toujours respecté, en Afrique notamment, les langues du cru ? Facilite-t-on suffisamment en France l'apprentissage des langues autres que l'anglais ? Autant de questions auxquelles on ne saurait échapper. Faute de quoi l'on risquerait fort, sous peu, de ne plus apercevoir de la médaille d'Atlanta que son revers...