À la fortune du mot
Ils occupent le devant de la scène depuis que le dopage empoisonne le monde du sport. S'il faut être chimiste pour percer à jour le secret de leur composition, l'étymologie peut aussi aider à y voir plus clair. Que les accros de la chose nous pardonnent ces précisions, pour eux inutiles, et considèrent ce qui va suivre comme... une piqûre de rappel !
Anabolisant. Le préfixe grec ana n'est pas facile à interpréter, compte tenu de ses diverses valeurs. Il exprime en effet le retour en arrière (dans anachronisme), la répétition (l'anabaptiste reçoit une seconde fois le baptême à l'âge de raison) et un mouvement de bas en haut. C'est ce dernier sens qui prévaudrait ici selon Jacques Cellard, qui voit dans le verbe anaboliser le fait de « se remonter » en assimilant mieux les aliments. Pour d'autres, le préfixe n'a plus la signification qu'il avait en grec, et les biologistes d'aujourd'hui auraient simplement voulu, en l'utilisant, en faire le pendant de cata- : c'est ainsi qu'à partir de métabolisme auraient été forgés anabolisme (ensemble des phénomènes d'assimilation) et catabolisme (ensemble des phénomènes de consommation et d'élimination).
Amphétamine. Il s'agit là d'un concentré d'a(lpha)m(ethyl)phe(ne)t(hyl)amine. On ne sait si cet excitant du système nerveux central s'avère efficace pour tous : ce qui est sûr, c'est qu'il l'a été pour celui qui, le premier, en a imaginé le nom !
Érythropoïétine (EPO). On sait que l'érythrocyte est l'autre nom de l'hématie, globule rouge du sang. Il ne restait plus qu'à y mêler le verbe grec poiein, « créer, faire » (de là est issue notre poésie), pour que fût baptisée cette hormone appelée à stimuler la production dudit globule...