À la fortune du mot

< mardi 7 avril 1998 >
Vocabulaire

Que d'eau, que d'eau dans notre langue ! La mer est partout, toujours recommencée...

Mener en bateau. La mer est peut-être partout, mais pas ici, en tout cas : ce bateau-là dérive, si l'on ose dire, de l'ancien français baastel, lequel désignait le tour de passe-passe de nos bateleurs médiévaux... De là le sens de « duperie » qu'a pris le terme dans l'expression susdite, comme, du reste, dans la locution très voisine : monter un bateau.

Veiller au grain. Il s'agit bien cette fois, en revanche, du grain des marins, autrement dit de ce coup de vent violent et inopiné qui, à défaut d'icebergs, n'en fait pas moins souffrir mille morts au navire. L'image s'explique probablement par le fait que la tempête en question s'accompagne le plus souvent de grêlons.

Prendre une (bonne) biture. La biture étant le nom que l'on donne, en marine, à la partie du câble qui file avec l'ancre lors du mouillage, en prendre une bonne revient, pour le matelot chargé de l'opération, à dégager une portion de chaîne suffisante, puis à l'élonger sur le pont afin de faciliter son passage dans l'écubier. Comme il se déroule, en général, plus de câble qu'il n'en faut pour que l'ancre atteigne le fond, l'expression s'est appliquée, par métaphore, à un excès de table et, plus particulièrement, à un abus de boisson.

Battre son plein. Qu'on se le dise : rien à voir, ici, avec un tambour qui produirait un son plein ! Son est bien, en l'espèce, un adjectif possessif (ce qui justifie que l'on écrive, au pluriel et au figuré, que « les réjouissances battent leur plein ») ; quant à ce nom plein, il désigne le moment où la marée est à sa plus grande hauteur...