À la fortune du mot

< mardi 21 avril 1998 >
Vocabulaire

Si vous savez et pouvez à la fois, autrement dit si vous alliez l'expérience à la force, vous méritez tous les compliments, à commencer par ceux qui suivent !

À la coule. Pour peu que l'on réserve cette locution familière à ceux qui sont indulgents et d'un commerce agréable (on dit aussi que ceux-là sont coulants), il n'est pas interdit de la rattacher au verbe couler, avec tout ce que cela suggère de souplesse et de fluidité. Mais s'il est d'abord question de souligner l'habileté d'une personne, le fait qu'elle est avertie, mieux vaut y voir une apocope d'être à la couleur, expression qui pourrait être liée au jeu de cartes : connaître les atouts, n'est-ce pas une preuve que l'on est au courant ?

En connaître un rayon. Il serait plus adéquat de dire connaître son rayon, ce dernier renvoyant de toute évidence à la division spécialisée du grand magasin, elle-même inspirée du gâteau de cire, muni d'alvéoles, de la ruche. Mais il est probable qu'il y a eu là croisement avec la locution voisine en mettre un rayon, « travailler avec ardeur », où le rayon en question, d'une tout autre origine étymologique, descendrait bien plutôt du sillon que l'on traçait en labourant, au prix, naturellement, d'un effort soutenu. Inutile de préciser que les coureurs cyclistes ont fait leur miel de cette expression, en songeant pour leur part à un autre genre de rayons ! 

Être ferré. On comprend mieux pourquoi la formule dégage une telle impression de compétence quand on la cite sous sa forme développée : être ferré à glace... Celui qui porte des fers spécialement conçus pour la glace ne risque pas de glisser, ni, au figuré, de perdre pied dans un domaine qu'il est censé connaître !