À la fortune du mot

< mardi 3 juin 1997 >
Vocabulaire

On ne nous reprochera pas, cette semaine, de saisir la balle au bond !

Enfant de la balle. Si le sens de cette expression ne présente aucune équivoque (elle renvoie le plus souvent à un acteur faisant le métier de son père), l'étymologie, elle, ne va pas de soi. L'opinion généralement admise veut qu'il se soit agi, à l'origine, du fils d'un maître de jeu de paume qu'il ne faisait pas bon affronter, si jeune fût-il ! Mais cette première version a le don de mettre... en pelote les nerfs de certains, lesquels préfèrent voir dans cette balle le balluchon, ce compagnon indispensable de toutes les professions itinérantes, et en particulier des gens du spectacle. Comme diraient nos inénarrables duettistes Thierry et Jean-Michel : un but partout, la balle au centre !

Peau de balle(s). Autrement dit : rien ! Il n'est pas impossible que la formule doive quelque chose, elle aussi, à ce ballot qui entourait la marchandise du colporteur. À moins que ce ne soit à cette balle qui enveloppe les grains des céréales. Dans un cas comme dans l'autre, il ne s'agit que du contenant, ô combien négligeable en regard du contenu, et l'on ne s'étonnera pas outre mesure que l'expression de balle ait autrefois servi à désigner tout élément de piètre valeur. Dans l'expression qui nous intéresse, toutefois, et par un transfert des plus curieux, c'est le mot peau qui remplit cet office. Quant aux balles, elles ne représentent que trop évidemment ce que le distingué Gaston Esnault appelait « des intimités masculines à ne pas dilapider » ! Le confirme à sa manière, tout aussi familière, le fameux peau de zébi que popularisèrent les zouaves du père Bugeaud : zébi ne désigne-t-il pas, dans la langue arabe, le membre viril ?