À la fortune du mot

< mardi 1er juillet 1997 >
Vocabulaire

Vacances rime avec transhumance ! Profitons-en pour rappeler que bon nombre de nos mots et locutions sont nés du voyage, quand nous n'en aurions plus forcément conscience...

Budget. Qui se souvient, en effet, que le sacro-saint budget, priorité de tout énarque qui se respecte, dérive de la bougette, ce sac de cuir que les voyageurs fixaient jadis à leur selle pour lui confier leurs écus ? Si, depuis, le terme a pris la forme et le sens que nous lui connaissons, c'est à un séjour outre-Manche qu'il le doit : les Anglais disaient du chancelier de l'Échiquier qu'il ouvrait la bourse (to open the budget) quand il présentait son rapport annuel...

Postillonner. Ancêtre lointain de notre postier sans en être — Dieu merci — le portrait tout... craché, le postillon, au temps des malles-poste, montait le cheval de tête de l'attelage qui acheminait le courrier sur les routes de France. La tâche étant rude, le drôle avait, paraît-il, la déplorable habitude de se retourner pour s'éclaircir les bronches. Il n'en faut pas plus pour que se trouve expliqué, de l'avis de beaucoup, le sens du verbe actuel. Sans rejeter cette interprétation, Alain Rey en propose toutefois une autre : postillon, remarque-t-il, a souvent servi à désigner des objets qui se déplaçaient en avant d'autres... Et la salive ne précède-t-elle pas les paroles?

Mener une vie de patachon. Ce patachon-là n'était autre que le conducteur de la patache, mauvaise diligence dans laquelle on voyageait à peu de frais. Ledit patachon menant une vie pour le moins dissolue, l'expression se passe de commentaire. Elle n'est pas sans rappeler mener une vie de bâton de chaise — à porteurs, cela va sans dire !