Brèves de trottoir

< mardi 29 juillet 2003 >
Vocabulaire

Nul ne s'étonnera que les adeptes du plus vieux métier du monde aient été, au cours des âges, désignées de mille et une façons. Des qualificatifs les plus vulgaires aux euphémismes que nous vaut notre époque « politiquement correcte » (ah ! ces travailleuses du sexe, créées il y a peu...), l'imagination dans ce secteur n'a jamais fait défaut. En voici quelques échantillons, triés comme il se doit sur le bitume...

Catin. Quand il rimerait avec un autre terme que l'on doit au latin putidus, « puant », celui-là n'avait à l'origine rien de péjoratif. Il s'agissait au contraire du diminutif affectueux de Catherine, prénom dont la réputation de pureté n'est plus à démontrer : sainte Catherine n'était-elle pas la protectrice attitrée des jeunes vierges ?

Grue. Il est vrai que le métier contraint parfois à « faire le pied de grue », et ceci explique cela. L'argot n'a pas hésité à renchérir en appelant échassière la prostituée officiant dans un bar, perchée qu'elle se trouve le plus souvent sur un haut tabouret...

Péripatéticienne. Allusion de lettré aux disciples d'Aristote, lesquels recevaient l'enseignement du maître en arpentant, eux aussi, le pavé : peripatein signifie, en grec, « se promener »...

Pierreuse. Cette fille de joie, démunie entre toutes, doit son surnom au fait qu'elle errait parmi les matériaux des bâtiments en construction, en particulier ceux du Louvre à l'aube du XIXe siècle.

Tapineuse. Le mot tapin — dérivé picard du verbe taper, que l'on songe à la retape — a d'abord désigné celui qui battait bruyamment du tambour. Racolage ô combien « actif » et ostentatoire, ce qui explique que le terme ait ensuite fait carrière dans les milieux de l'amour vénal.