À la fortune du mot

< mardi 29 janvier 2002 >
Vocabulaire

Le bretzel, ce biscuit salé en forme de huit ou de bâtonnet, est un des rares vocables alsaciens à avoir colonisé notre lexique : on n'en relève en effet que cinq ou six dans nos dictionnaires usuels. Raison de plus pour les passer en revue... non sans une certaine gourmandise, la plupart répandant des odeurs de table !

Baeckeofe. Ce mot encore inédit chez Bernard Pivot — mais pour combien de temps ? — désigne un plat à base de viandes, de pommes de terre et d'oignons, cuit, comme son nom l'indique, au « four de boulanger ». On peut aussi l'écrire, si l'on en croit Robert qui est le seul à le répertorier, bäkeofe.

Choucroute. Si l'attraction de chou et de croûte a été bien réelle, le terme n'en a pas moins pour origine l'alsacien sûrkrût, « herbe aigre ». Si vous ne tenez pas à pédaler dedans lorsque vous vous frottez aux textes du Pivot susdit, mieux vaut laisser l'accent circonflexe au fond du plat.

Quetsche. Un mot qui a longtemps sommeillé sous la couetche alsacienne, dont avait fait le lit la forme allemande Zwetsche. Qui oserait encore affirmer, après cela, que l'étymologie, ce n'est pas de la tarte ?

Quiche. Lorraine devant l'Éternel, certes, mais alsacienne par ses racines linguistiques : elle découle de Küchen, « gâteau ». Un détail qui ravira les lardons de l'est de la France, dès lors qu'obligation leur aura été faite un jour prochain, et dans le sillage de la Corse, d'apprendre le dialecte de leurs pères...

Turne. Il n'est pas étonnant que cette chambre ait la réputation d'être sale et sans confort aucun : elle dérive de l'alsacien Türn, lequel signifie « prison ». L'argot scolaire en a vite fait ses choux gras, en lui ajoutant à l'occasion un h.