À la fortune du mot
La rumeur est vieille comme le monde, et c'est sans doute pour cela que les mots ne nous ont jamais manqué pour la qualifier. En voici quelques-uns, parmi les plus expressifs...
Bobard. Il ne peut s'agir là que d'une coïncidence mais le radical bob, en ancien français, a souvent porté le chapeau : bober y signifiait « tromper », le bobeau était un mensonge et le bobert un sot. Rien d'étonnant à ce que, par atavisme sans doute, bobard ait fini par désigner une fausse nouvelle !
Calembredaine. Pas grand-chose de positif dans l'étymologie de ce mot au demeurant joli, lequel a partie liée avec les peu reluisants calembour, bredouiller et même bourde : la forme genevoise, d'ailleurs, n'était-elle pas calembourdaine ?
Cancan. Ce n'est qu'au XIXe siècle, et sous l'influence du verbe cancaner qui évoquait le cri du canard et de quelques autres volatiles, que celui-là a sombré dans la médisance. Jusque-là, en digne descendant de la conjonction latine quamquam, « quoique », il s'appliquait seulement à une harangue universitaire.
Potin. C'est une simple hypothèse, mais elle est trop belle pour être tout à fait fausse : le mot tirerait son origine de la potine, cette chaufferette que les commères normandes traînaient à leur suite, en hiver, pour bavarder confortablement, les orteils au chaud. On n'en était que plus en forme, ensuite, pour piétiner son prochain...
Ragot. Si l'on avait laissé faire Astérix et Obélix, les ragots n'auraient plus cours depuis longtemps ! Le mot, en effet, a d'abord désigné, au XVIIe siècle, un sanglier mâle de moins de trois ans. Sans doute doit-on cette extension de sens aux grognements dont racontars, clabaudages et autres on-dit prennent volontiers la forme.