À la fortune du mot

< mardi 5 juin 2001 >
Vocabulaire

Ces formules toutes faites reviennent régulièrement sur nos lèvres, sans que nous sachions toujours à qui nous les devons. La Voix du Nord a enquêté pour vous...

Les absents ont toujours tort. La phrase aurait été prononcée pour la première fois en 1718, dans une pièce de Philippe Destouches, l'Obstacle imprévu : on y voit le valet Crispin se faire souffler sa promise Nérine pour avoir cherché fortune de par le monde durant trois ans !

C'est mon avis, et je le partage. Si cette lapalissade ne doit rien aux inénarrables Dupont et Dupond, la paternité n'en revient pas moins à un pionnier de la bande dessinée : Christophe, père du Sapeur Camember et friand de truismes prudhommesques.

Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire ! On aura reconnu là la gouaille du perroquet Laverdure, dans le roman culte de Raymond Queneau, Zazie dans le métro.

Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ? On a connu Musset plus inspiré dans ses métaphores : n'est-ce pas la femme qu'il assimile ainsi à une bouteille, comme le confirme le vers précédent : « Aimer est le grand point, qu'importe la maîtresse ? » George Sand aura apprécié.

Revenons à nos moutons. Quelle postérité pour cette locution qui remonte à la Farce de Maître Pathelin, vieille de plus de cinq siècles ! On y voit un avocat peu scrupuleux mêler ses propres affaires à celles de son client, ce qui lui vaut ce rappel à l'ordre du juge.

J'en passe et des meilleur(e)s. L'expression, qui clôt une énumération de catastrophes, s'est d'abord écrite au masculin. C'est en effet de ses aïeux que parlait don Ruy Gomez, dans l'Hernani de Victor Hugo : il abrège de la sorte l'hommage qu'il rendait à sa lignée.