À la fortune du mot
Plus d’un lecteur nous a demandé de préciser ce que nous entendions, il y a quinze jours, par ces « autres points » qui n’avaient pas fait l’unanimité lors de la récente superfinale des Dicos d’or. Nous faisions surtout allusion à la quatrième question du QCM, relative au virus. S’agit-il, oui ou non, d’un microbe ? Le jury, qui se fonde en cela sur les dictionnaires de référence, répond par l’affirmative. Le mot microbe, du grec mikros, « petit », et bios, « vie », étant un terme générique qui s’applique à tout micro-organisme invisible à l’œil nu, il engloberait aussi bien le virus que la bactérie, voire le champignon microscopique.
Ce fut là notre position, mais force nous est de reconnaître que les scientifiques présents sur les lieux étaient autrement partagés. Quant aux explications de Larousse et de Robert, elles ne sont pas aussi nettes qu’on le souhaiterait en pareille occurrence. Au dire d’André Cherpillod, Dico d’or 1998, elles ne reculeraient pas même devant la contradiction. Comment peut-on affirmer, argumentait-il, que le virus est un micro-organisme, par définition être vivant et organisé, alors qu’un virus n’est ni organisé ni vivant : il n’a pas d’organes, il ne se nourrit pas, ne respire pas, ne croît pas et ne peut se reproduire qu’en parasitant une cellule !
Nous n’avons pas souhaité polémiquer au sujet du démonstratif, il va de soi que nous ne le ferons pas davantage à propos du virus. Ce qui semble évident, en revanche — et nous l’affirmons avec d’autant plus d’objectivité que nous nous sommes retrouvé, cette fois, du bon côté de la barrière —, c’est qu’une telle question, qui divise les spécialistes, ne s’imposait pas dans une compétition censée, pour l’essentiel, porter sur l’orthographe et la grammaire.