Le mariage selon « Mon incroyable fiancé », sur TF1...

Une vraie lune de fiel !

< mardi 23 août 2005 >
Chronique

Dans le désert de la télé-réalité — puisque telle est désormais l'orthographe qu'à bon droit prône le Petit Larousse — se pourrait-il qu'il y eût quelque oasis ? Sans aller jusque-là, reconnaissons que l'« incroyable fiancé » du vendredi soir, s'il n'a pas toujours échappé aux poncifs du genre, aura su du moins démontrer des qualités dont nous semblaient totalement dépourvues ses sœurs aînées. Non seulement on s'y ennuie plutôt moins que dans la ferme mais on est assuré que le supplice n'aura qu'un temps : les protagonistes n'ayant rien de célébrités, aucun risque que l'on ait à jouer les prolongations, à l'image de ce pastis complaisamment entretenu autour de Pernaut et consorts ! Surtout, l'émission en question aura confirmé ce dont à vrai dire nous nous doutions un peu, à savoir que le mariage, ses pompes et ses œuvres n'ont pas évolué au même rythme que la société : que le prince vienne à n'être point aussi charmant qu'on l'espérait et c'est la famille tout entière qui vomit ses préjugés et, finalement, se déchire à belles dents... Une chose est sûre : pour avoir accepté, dans l'espoir d'un gain substantiel, de simuler un mariage, l'infortunée candidate aura rarement été... à la noce !

Ironie du sort à laquelle un chroniqueur du langage ne saurait rester insensible : le mot lui-même a longtemps été source de traquenards. Ne prend-il pas, traditionnellement, une signification différente selon qu'il est au singulier ou au pluriel ? Aux noces le versant noble, éthéré du mariage, l'union des âmes et des corps. À la noce tout ce qui touche à la fête, aux agapes, voire à ceux qui y prennent part : qui ne se souvient des tribulations grand-guignolesques de la noce au musée du Louvre, dans L'Assommoir de Zola ? Sur ces bases-là, on a cru longtemps pouvoir opposer le repas de noce au voyage et à la nuit de noces. Aurait-on fini par s'aviser que ces derniers relevaient de plaisirs tout aussi terre à terre que ceux de la table ? Toujours est-il qu'aujourd'hui nombre d'ouvrages en rabattent sur le sujet et tolèrent, pour toutes ces expressions, le singulier comme le pluriel car, affirme le dictionnaire Larousse des Difficultés et pièges du français, « la célébration du mariage et les réjouissances qui l'accompagnent sont appelées aussi bien la noce que les noces ». Allez, ça se décoince dans la langue, à quand sur le terrain ? Un fiancé peut être incroyable et n'en être pas moins vrai...