Souvent dico varie, bien fol est qui s'y fie !
Mobile home, sweet mobil-home
Pour quiconque sait y flâner, le dictionnaire est source constante d'émerveillement. Vous en faut-il une preuve ? Prenez ce mobile home qui, dans la grisaille de novembre, fleure bon les vacances. Il y a encore trois ans, la situation, pour être désespérée, n'en était pas moins claire : la seule graphie reconnue par Larousse était celle que vous venez de lire — et que nul ne respectait, hormis les sectateurs de Pivot. Est-ce la tempête de janvier 2000 qui a déstabilisé une maison s'enorgueillissant pourtant de « semer à tout vent » ? Ou, au seuil du XXIe siècle, la tentation de coller enfin à la réalité du... terrain ? Toujours est-il que le Petit Larousse se livre, depuis la version 2001, à un distinguo pour le moins subtil. N'a plus droit, désormais, à la graphie susdite que la « caravane de très grande dimension, aux normes de la construction, immobilisée (?) sur des plots et destinée à l'habitation principale ». La « caravane de — seulement — grande dimension, hors gabarit routier, destinée à une occupation temporaire de loisirs, et conservant ses moyens de mobilité » (définition au mot près, soit dit en passant, du... mobile home d'avant 2001) devient, pour sa part, un mobil-home. Béerait-on d'admiration devant la précision d'une langue française qui tire deux mots d'un seul vocable anglo-américain, nous ne saurions trop conseiller aux candidats des Dicos d'or de se munir dorénavant d'un mètre pliant ! À moins que les « recommandations officielles » pour l'un et l'autre terme ne leur semblent plus parlantes qu'à nous-même : résidence mobile ici, maison mobile là ! Pas sûr que l'on entende la différence ailleurs qu'à France-Inter... Dieu merci, Robert campe (si l'on ose dire) sur ses positions passées et ne voit qu'une seule « grande caravane tractable surtout conçue pour rester sur place de façon relativement durable » (on n'est pas plus prudent), qu'il continue à écrire mobile home. Las ! à peine s'en est-on réjoui que nous heurtent de plein fouet une nouvelle variante (mobile-home) et la « recommandation officielle » maison : auto-caravane ! Passons sur ce trait d'union qui serait défendable si le même Robert ne l'excluait pas à une autre page... mais ces lexicographes ne doivent pas souvent recourir à l'hôtellerie de plein air pour confondre ainsi mobile home et camping-car ! Il est vrai que, pour survivre à notre persiflage, ce ne sont pas les proverbes qui leur feront défaut : « Les chiens aboient, la caravane passe », par exemple ?