À la fortune du mot

< mardi 27 janvier 1998 >
Vocabulaire

Vingt fois sur le métier... révisons notre étymologie ! Profitons du débat ci-contre pour préciser l'origine, souvent inattendue, de quelques noms de professions, qu'ils soient ou non concernés par cet épineux problème de la féminisation...

Architecte. Loin d'être le professionnel que nous connaissons aujourd'hui, à plus forte raison l'artiste capable de concevoir un édifice, il faisait, chez les Grecs, office de chef de chantier en commandant (arkhein) aux charpentiers (tektôn).

Avocat. Dérivé du latin advocatus (« celui qu'on appelle à son aide »), le mot avoué désignait au Moyen Âge, d'une façon très générale, celui qui prenait la défense de quelqu'un. On le flanqua bientôt d'avocat, afin que puisse être distingué celui qui le faisait dans le cadre de sa profession.

Boucher. Se souvient-on toujours que son rôle était à l'origine, et à l'image de son nom, d'« abattre le bouc » ? Un paradoxe si l'on songe que la viande caprine ne constituait pas au Moyen Âge, et d'assez loin, la plus grande part de l'alimentation carnée...

Boulanger. Avant de se mettre — beaucoup plus tard ! — à la baguette, le boulanger cuisait son pain en boule, ne fût-ce que pour qu'il restât frais plus longtemps. C'est à cette habitude qu'il doit son nom, le picard boulenc dont il est issu signifiant précisément : « celui qui fabrique des pains ronds ».

Charcutier. Celui-là se différencia très tôt du boucher précité, dans la mesure où il faisait cuire la chair de porc. Son échoppe ne portait-elle pas, en ancien français, le nom on ne peut plus significatif de chair cuiterie ?

(à suivre)