À la fortune du mot
Quand ces mots sembleraient empruntés à un film d'épouvante, ils n'ont pas impressionné outre mesure les spécialistes rassemblés au Stade de France. Les téléspectateurs ont, en règle générale, moins apprécié...
Anthozoaire. Ce nom, formé des éléments grecs anthos, « fleur » et zôion, « être vivant », désigne les classes de cœlentérés comprenant les coraux et les anémones de mer. Il fallait aussi savoir qu'il était masculin pour accorder correctement l'adjectif goulu qui, vicieusement, le flanquait.
Érythrocyte. Il ne s'agissait là que de notre bon vieux globule rouge, plus connu sous le nom d'hématie. Pour ne pas omettre l'un ou l'autre y, il suffisait d'un peu de sang-froid et d'une connaissance raisonnable de l'étymologie : le préfixe éryth-, du grec eruthros, « rouge », se retrouve par exemple dans l'érythème, rougeur congestive de la peau. Quant au suffixe -cyte, du grec kutos, « cavité, objet creux », on le rencontre chaque fois qu'il est question d'une cellule : granulocyte, leucocyte, lymphocyte, monocyte, ovocyte, etc.
Pithécanthrope. Si certains dictionnaires en ont fait un synonyme d'anthropopithèque (les deux mots s'abreuvent aux mêmes sources étymologiques : pithêkos, « singe » et anthrôpos, « homme »), il n'en est rien pour Jean Bouffartigue et Anne-Marie Delrieu, lesquels précisent dans Les Racines grecques (Belin) que l'anthropopithèque est un genre de singe proche de l'homme, alors que le pithécanthrope est un genre d'homme fossile proche du singe. Il n'est pas sûr, malgré tout, que le capitaine Haddock ait une claire conscience de ce distinguo quand il use de l'un et de l'autre mot pour injurier son entourage...