À la fortune du mot

< mardi 30 décembre 1997 >
Vocabulaire

Gardons-nous de quitter la table avant d'en avoir épuisé toutes les saveurs, lexicales au besoin !

Mettre le couvert. Pourquoi diable a-t-on donné ce nom aux ustensiles placés sur la table pour le repas ? En fait, c'est par extension de sens, couvert ne renvoyant, stricto sensu, qu'à la cloche qui, dans les restaurants cotés d'aujourd'hui, recouvre l'assiette afin de tenir le plat au chaud. On procédait jadis de la même façon vis-à-vis des rois, mais c'était surtout pour les garantir du poison !

Ne pas être dans son assiette. Mettons les pieds dans le plat : cette assiette-là n'a rien à voir avec le couvert susdit ! Au Moyen Âge, d'ailleurs, on se servait directement dans le pot commun... Il ne peut donc être question ici que du premier sens, autrement abstrait, d'assiette : « manière d'être assis, position » et, de là, « disposition d'esprit ».

Faire bonne chère. Ne pas écrire « bonne chair », en pensant à la viande ! L'étymologie nous rappelle que, chière désignant autrefois le visage, l'expression signifiait à l'origine : « faire bon accueil ». C'est durant la guerre de Cent Ans, ère de disette s'il en fut, que cet accueil a, tout naturellement, pris la forme d'un bon repas...

Entre la poire et le fromage. L'ordre des mots peut surprendre. Pour Duneton, il s'explique par le fait que jadis la poire, servie avant le fromage, remplissait à peu près le rôle de notre salade. Galey voit plutôt dans ce fromage la forme en osier qui permettait de confectionner toutes sortes de desserts. Quoi qu'il en soit, la locution ne pose aucun problème de sens : elle s'applique à la fin du repas, plus précisément au moment où le convive, l'estomac plein, est tout disposé à bavarder !