À la fortune du mot
Pour ceux-là mêmes qui, chaque jour, font profession de la combattre, la mort est une compagne dont il faut bien s'accommoder. C'est sans doute pour cela que l'homme, au fil des siècles, l'a habillée des métaphores les plus hardies...
Rendre le cimetière bossu. Ne relève-t-on pas la terre, il est vrai, dès que l'on creuse une fosse ?
Passer l'arme à gauche. L'arme se trouvant le plus souvent dans la main droite, la faire passer à gauche revient à envoyer son adversaire... ad patres !
S'habiller de sapin. Par allusion au cercueil qui, presque toujours, était fait de ce bois. On parle d'ailleurs de chemise, de redingote de sapin pour désigner la bière.
Remercier son boulanger. Un mort — qui songerait à le contester ? —, ça ne mange pas de pain...
Rentrer ses pouces. Si l'on en croit les spécialistes, les doigts du moribond, à l'heure du dernier soupir, se referment sur le pouce...
Fermer son parapluie. Une formule chère à Alphonse Boudard. Étonnez-vous, après cela, que l'on assimile le pébroque au pépin !...
Dévisser (ou décoller) son billard. Le billard en question désignait à l'origine un bâton recourbé qui servait à divers jeux de billes et de boules. Ce n'est que plus tard qu'il désignera un jeu particulier... puis sa table.
Avaler son extrait de naissance. Le dernier avatar du verbe avaler. Autrefois, on avalait plutôt sa langue (ou sa gaffe), sa chique, sa cuillère, sa fourchette, ses baguettes, voire le goujon... qu'à tout prendre il vaut encore mieux taquiner !