À la fortune du mot

< mardi 7 septembre 2004 >
Vocabulaire

Ces locutions pittoresques n'ont plus cours, mais elles ne seraient pas déplacées dans nos braderies d'aujourd'hui, où « tout s'achète et tout se vend ». Florilège...

Avoir encore son pucelage. C'était, au XIXe siècle, le propre des marchandes qui n'avaient pas vendu le moindre article, quoique la journée fût déjà bien entamée.

Vendre chat en poche. Autrement dit vendre sans dévoiler la marchandise. Peut-être la chose se pratique-t-elle encore le samedi matin, avant l'ouverture officielle de la braderie ?

Vendre au marché plus de harengs que de soles. Cela revient évidemment à dire, souligne Furetière (et Claude Duneton après lui), que « l'on a plus prompt débit des choses communes que des précieuses ».

Vendre la merde à la hottée. Vulgaire mais imagée, la tournure s'appliquait aux piètres commerçants, qui avaient peu à vendre et, par-dessus le marché, le vendaient mal.

Portez votre double aux tripes, vous aurez du mou ! C'était là façon comme une autre, mais somme toute plus poétique que beaucoup d'autres, d'envoyer aux pelotes quiconque n'offrait pas assez d'une marchandise...

Passer au bleu (ou au safran). Élégant euphémisme pour « vendre, se défaire d'un objet ». On n'hésitait pas à dire hier qu'on « lavait » ses effets, en d'autres termes qu'on les envoyait à une lessive dont ils ne reviendraient jamais, et pour cause !

Fondre la cloche. La métaphore est, là encore, assez limpide : il s'agissait de faire les parts, de se répartir le fruit d'une vente...