À la fortune du mot
Si l'on connaît la plupart des locutions qui ont trait à la nudité, on ne sait pas toujours dans quel ordre elles sont apparues. Réponse ci-dessous !
Nu comme un ver. Probablement la plus ancienne, puisqu'on la relève dès le XIIIe siècle... Ce n'est que quatre cents ans plus tard que la concurrencera nu comme la main.
Dans le plus simple appareil. L'expression daterait du XVIIe siècle. Qui ne se souvient de la Junie de Racine, présentée dans Britannicus comme « belle, sans ornement, dans le simple appareil d'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil » ?
En costume d'Adam (ou d'Ève). La locution a beau s'abreuver aux sources de l'humanité, ce n'est qu'au XIXe siècle qu'elle fait son entrée dans notre lexique.
À poil. Ne s'est dit pour la gent humaine qu'à partir de 1850 environ. Mais les chevaux nous avaient précédés de deux cents ans au moins et se dépoiler (pour « se déshabiller ») avait cours depuis le XVe siècle.
Montrer toute sa boutique. Ledit magasin aurait ouvert ses portes en 1867, si l'on en croit Alfred Delvau et son Dictionnaire de la langue verte. On disait également « montrer son cas ».
Être en asticot. Autre tournure argotique de la fin du XIXe siècle, que le même Delvau définit comme suit : « être dans le costume d'Adam et Ève, avant le péché ». Cet asticot aurait-il quelque chose à voir avec une certaine pomme ?
Comme le bon Dieu nous a faits. Plus « politiquement correct », cet euphémisme serait né au début du XXe siècle.
En saint Jean. Dernière trouvaille de l'argot, repérée chez Auguste Le Breton en 1960. Les représentations picturales du baptême dudit saint y sont sans doute pour quelque chose.