La campagne n'est pas ouverte mais...

Le dépouillement a déjà commencé !

< mardi 11 septembre 2001 >
Chronique

Qui fera croire que notre président s'est réellement laissé surprendre sur sa terrasse de Brégançon, a fortiori dans un appareil qui n'avait pas grand-chose de politique ? N'a-t-il pas bien plutôt voulu, en cette période préélectorale, adresser quelques messages forts à la nation ? En premier lieu, affaires obligent, démontrer que lui au moins n'a rien à cacher. Mieux : qu'il n'a pour sa part, et à l'inverse d'un austère qui ne se marre pas tant que ça par les temps qui courent, aucun mal à « fendre l'armure ». Accessoirement, qu'il n'entre nullement dans ses projets de prendre une culotte aux prochaines présidentielles. Celles-ci, à n'en pas douter, se dérouleront dans le droit fil des précédentes : qu'un candidat qui encourageait à manger des pommes se présente cette fois en tenue d'Adam nous paraît des plus conséquent et témoigne même d'une incontestable suite dans les idées. Sans compter que cette sortie peu protocolaire fleure bon la simplicité républicaine : dans un pays où, par le passé, les dirigeants ont eu trop souvent tendance à se comporter en monarques déguisés, la chose est à noter. La présidente du R.P.R. n'a d'ailleurs pas hésité à affirmer, sourire de connivence aux lèvres, que cette mésaventure rapprocherait encore le locataire de l'Élysée de ses chers compatriotes, en leur rappelant qu'au fond il n'était pas si différent d'eux. Quant aux laïcs et autres zélateurs de la séparation de l'Église et de l'État, voilà qui devrait définitivement les rassurer : Présidence ne rime plus avec Éminence... Il est pourtant une explication que les politologues comme les humoristes, et pour cause, n'ont pas risquée : ignorant que le chef de l'État est un lecteur assidu de cette chronique, ils n'ont pas deviné qu'en réalité — si l'on ose dire ! — il nous tendait la perche : voici venu le moment ou jamais de repasser l'accord, pour le moins abracadabrantesque, de nu. Curieux adjectif, en vérité, qui varie le plus normalement du monde quand il suit le mot qu'il qualifie (tête nue, jambes nues, pieds nus — remarquons que le pluriel s'impose dans ce dernier cas, contrairement à ce qui se passe pour la locution à pied)... mais reste de marbre quand, précédant les trois mots précités, il se joint à eux par un trait d'union : nu-tête, nu-jambes, nu-pieds ! Et l'on prétendrait que cette leçon ne valait pas un... effeuillage ?