À la fortune du mot

< mardi 24 août 1999 >
Vocabulaire

L'insolente facilité avec laquelle le jeu pénètre la langue populaire est une preuve supplémentaire de son importance. Quelques nouveaux exemples parmi tant d'autres :

Ficelé (ou fichu) comme l'as de pique. Jouons cartes sur table : s'entendre dire cela revient, ni plus ni moins, à se faire traiter de trou du c... ! Cet as de pique a en effet moins à voir avec la carte maîtresse que nous connaissons qu'avec le croupion d'une volaille, lequel, c'est vrai, en a vaguement la forme.

C'est la mort du petit cheval. Avant que le roman d'Hervé Bazin ne lui mît le pied à l'étrier, l'expression renvoyait à l'interdiction dans les casinos, en 1950, du jeu des petits chevaux et à son remplacement par la boule. Cette mort fut surtout celle des joueurs chevronnés qui, jusque-là, spéculaient sur l'inévitable dérèglement du mécanisme pour parier à coup presque sûr...

Tirer son épingle du jeu. La locution peut évidemment trouver son origine dans le jeu des jonchets, l'ancêtre de notre Mikado, qui était déjà connu des Romains. Selon Littré, il s'agirait plutôt d'un jeu voisin qui consistait à faire sortir des épingles d'un cercle où elles avaient été préalablement plantées, et ce à l'aide d'une balle. Peu importe au demeurant, le mot jeu ayant rapidement pris le sens figuré que l'on sait.

Dormir comme un sabot. Ce dernier n'est autre que la toupie à extrémité conique que les enfants faisaient tourner sur la pointe en la fouettant. Le fait que, parvenu à sa pleine vitesse, l'engin restait immobile sur son axe, qui plus est en ronflant doucement, explique probablement l'expression.