À la fortune du mot

< mardi 10 août 1999 >
Vocabulaire

Si elle se laisse plus facilement promettre que décrocher, la lune n'en illumine pas moins de sa clarté pâle bon nombre de nos locutions populaires. En témoignent ces quelques exemples plus ou moins oubliés...

Aboyer à (ou contre) la lune. Autrement dit sans véritable effet. L'expression s'employait, selon Furetière, aux dépens de ceux qui font quantité de « cris et d'imprécations inutiles ».

Dieu garde la lune des loups. Un dicton très proche de la formule précédente et qui, sous des énoncés divers (la lune est à couvert des loups, n'a rien à craindre des loups), souligne l'impuissance des envieux contre un mérite supérieur.

Faire du blé de lune... au lieu de le manger en herbe ! Si l'on en croit Duneton, en effet, cette expression du sud de la France, en vigueur au début de notre siècle, s'appliquait aux économies que l'on faisait sur les dépenses de la semaine.

Faire un trou à la lune. Comme si ses cratères ne lui suffisaient pas ! L'équivalent, en plus poétique, de notre moderne se tailler, plus spécialement après avoir connu la banqueroute.

Faire voir la lune en plein midi. Il n'était point question, à l'origine, de montrer son derrière au passant mais, plus prosaïquement, de lui faire prendre des vessies pour des lanternes...

Garder les moutons à la lune. C'était là le triste privilège de ceux qui avaient été pendus haut et court.

Prendre la lune avec les dents. Une façon comme une autre de tenter l'impossible. La formule fleurissait déjà sous la plume de Rabelais, au XVIe siècle.