Télé-humanités

< mardi 17 juin 2003 >
Complément

Intéressant à plus d'un titre, ce Bac blanc proposé, il y a peu, aux téléspectateurs de TF1 ! D'abord parce qu'il nous permet d'applaudir la performance d'un Jack Lang qu'il nous est arrivé de mettre gentiment en boîte (comme tant d'autres !) dans ces colonnes. Raison de plus pour saluer ici son courage car la chose n'allait pas de soi, surtout pour un ancien ministre de la Culture et de l'Éducation nationale. Ensuite parce que l'émission a fait justice d'une idée aussi contestable que reçue, et qui voudrait que les jeunes d'aujourd'hui ne sachent plus rien : ces derniers ont fait mieux que leurs aînés dans les cinq matières évaluées, français y compris. Compte tenu de ce que nous écrivons plus bas, cela ne prouve pas grand-chose... mais ne prouve pas le contraire non plus ! Au demeurant, il nous semble bon de rappeler que ce n'était là qu'un jeu, qui entretenait avec le bac réel un rapport très incertain. Grande est en effet la propension actuelle de certaines chaînes (s'agirait-il de compenser la médiocrité de la « télé-réalité » ?) à promouvoir une « culture Q.C.M. » qui, si elle triomphe chez nos voisins européens (les corrections s'en trouvent facilitées), peine encore à s'imposer dans un Hexagone resté fidèle à la dissertation : Descartes merci, les connaissances ne suffisent pas au bac, il y faut démontrer aussi des qualités de réflexion. Ainsi, il ne sert à rien de savoir ce qu'est une allitération si l'on s'avère incapable d'apprécier l'effet qu'en a tiré l'auteur. Que dire de l'intérêt de connaître, pour ledit bachot, le genre d'écritoire ou le pluriel de station-service ? Quel curieux choix, d'ailleurs, que celui-ci : Robert ne tolère-t-il pas stations-services à côté du plus orthodoxe stations-service ? Il eût suffi, pour s'en persuader, d'ouvrir le dictionnaire, mais les organisateurs auront eu un coup de pompe !