Ça s'en va et ça revient...

Yo-Yo, le retour

< mardi 3 novembre 1998 >
Chronique

Le Premier ministre, dont c'était le sobriquet chez les Guignols de l'info, y est-il pour quelque chose ? À en croire les spécialistes, notre bon vieux Yo-Yo est en passe de reconquérir préaux et cours d'école... les jours où Claude Allègre oublie de les vider ! Un peu revu et corrigé en fonction des canons du jour (en bon français, on dit relooké), habillé le plus souvent de fluo, ce primaire et sympathique engin, si représentatif des hauts et des bas que connaît notre moral à l'approche du troisième millénaire, se permet de faire la nique aux Game boy, tamagotchi et autres gadgets électroniques jusqu'ici seuls maîtres du marché. Impuissant que nous sommes à nous prononcer sur l'origine — chinoise ? — de cette appellation qui date de 1932 (le jeu fut d'abord connu sous le nom d'émigrette, ou encore de coblence, parce qu'il était en vogue au temps de l'Émigration), bornons-nous à souligner son œcuménisme en matière d'orthographe : yoyo, Yoyo, yo-yo, Yo-Yo, Yo-yo, bref... on écrit comme on aime ! Remarquons au passage que le flou relatif à l'emploi de la majuscule est le triste apanage des noms déposés : certains dictionnaires, au premier rang desquels on trouve Larousse, la maintiennent scrupuleusement ; d'autres, à l'instar de Robert, s'en dispensent, ce qui n'est pas toujours pour déplaire aux propriétaires desdits noms, certains estimant que l'assimilation aux noms communs est une preuve de succès. Au pluriel, toutefois, notre Yo-Yo se fait moins sautillant, la seule version admise (pour le nom composé, s'entend) étant l'invariabilité. Un consensus suffisamment rare pour être souligné, quand on sait combien les fla-flas, les tam-tams, les teufs-teufs et les trou-trous de Larousse ressemblent peu aux fla-fla, aux tam-tam, aux teuf-teuf et aux trous-trous de Robert ! Et on ne vous parle pas de Joseph Hanse, lequel n'hésite pas à cautionner des frou-frous à la page 628 de son Nouveau dictionnaire des difficultés du français moderne... après avoir affirmé, page 437, que le mot s'écrivait sans trait d'union. Descartes, au secours !