Ce nouvel impôt
qui nous tombe sur le râble :
la « taxe lapin » !

< dimanche 21 avril 2024 >
Chronique

Nous nous garderons bien, comme d’habitude, de nous prononcer sur le fond. En revanche, nous ne pouvons que nous réjouir que le gouvernement ait, pour baptiser cette taxe, puisé dans le stock de nos expressions françaises…

À l’ère des start-up, des think tanks et des task forces, l’allusion à ce sympathique lagomorphe est un clin d’œil de bon aloi au répertoire éternel de nos locutions populaires. Quand bien même il serait autrement malaisé d’en préciser l’origine exacte… S’il s’agit bien aujourd’hui de ne pas honorer un rendez-vous que l’on avait pourtant fixé d’un commun accord, il était plutôt question, il y a plus d’un siècle, de ne pas s’acquitter de ce que l’on devait à une prostituée et de filer à l’anglaise, une fois ses faveurs accordées… Quant à savoir ce que vient faire ledit lapin dans cette galère, c’est une autre paire d’oreilles !

Les uns prétendent qu’il aurait beaucoup à voir avec ces tourniquets de foire sur lesquels était posé un lapin qui paraissait facile à gagner, mais qu’en réalité on ne gagnait jamais. D’autres le font plutôt remonter au sens ancien de « conte à dormir debout » que l’on prenait plaisir à railler — l’Académie le confirme dès la première édition de son Dictionnaire — en le déclarant « de garenne ». D’autres encore préfèrent rappeler que le lapin était ce voyageur clandestin que les conducteurs de diligence prenaient en charge sans le déclarer à leur employeur, au besoin en le dissimulant sous une bâche, afin d’arrondir leurs fins de courses. On le vérifie une fois de plus : en matière d’étymologie, abondance de biens ne nuit décidément pas !

Quoi qu’il en soit, cette « taxe lapin » vaudra toujours mieux que des sigles sans âme comme TEOMI (taxe d’enlèvement des ordures ménagères incitative) ou GEMAPI (taxe pour la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations).

Méfiance tout de même : il ne faudrait pas que ceux qui nous gouvernent tirent parti de cet artifice de communication pour récidiver, se servant de la popularité de nos amis les animaux pour nous faire avaler d’autres pilules ! À quand, sinon, une taxe tortue sur les retards de paiement, une taxe lama sur les crachats intempestifs en milieu urbain, voire une taxe autruche en cas de non-assistance à personne en danger ? Et pourquoi pas, pendant qu’on y est, une taxe crocodile sur l’achat des cuirs et une autre, chameau, sur la mauvaise humeur ?