De la langue française
et des chausse-trapes... « y afférentes » !

< dimanche 24 avril 2016 >
Chronique

Cette dernière expression doit à son côté chic, intello et un tantinet vieillot d'être plus que jamais à la mode. Le hic, c'est qu'elle donne lieu du même coup à plus d'un dérapage orthographique. Revue de détail...

« Toutes ces décisions et les discussions y afférant créent des tensions » (Le Progrès) ; « Chaque unité du parc possède un plan de gestion et d’autres documents y afférent qui gèrent les ressources, les sols et la fréquentation des visiteurs » (site de l'UNESCO) ; « Objet : promouvoir (...) l’écriture, la création et la mise en scène de pièces de théâtre, des décors de scène, costumes et maquillages, éclairage et tous travaux artistiques et manuels s’y afférant » (déclaration d'une association à la préfecture des Yvelines, Journal officiel). Autant de francs solécismes, et l'on vous a fait grâce du pire, représenté par le s'y afférent, et repéré par exemple sur le site du ministère de l'Intérieur : « Une section d’appui technique en charge de l’utilisation du matériel de surveillance et de filature, et de la formation s’y afférent, assiste les équipes opérationnelles de l’OCRIEST et des services territoriaux dans leurs enquêtes. »

Dénominateur commun de toutes ces horreurs : l'invariabilité, visiblement due à la conviction que l'on a affaire en l'occurrence à un participe présent. Y concourt sournoisement la présence du « y », lequel, c'est vrai, accompagne souvent un verbe (mais pas toujours : s'étonne-t-on d'un y compris ?). Seulement, de quel verbe pourrait-il s'agir ? On n'en relève aucun dans le lexique d'aujourd'hui, pronominal ou non, qui puisse faire... l'affaire ! Encore l'excuse susdite n'est-elle recevable que pour les formes en -ant, celles en -ent étant de toute façon incompatibles avec le participe présent. Il s'agit en réalité d'un adjectif, qui demande à être accordé en conséquence : « les travaux y afférents », « les démarches y afférentes » !

On remarquera au passage que le même type de confusion frappe parfois l'adjectif attenant. Il n'est pas rare que l'on rencontre, là aussi, l'invariabilité, alors qu'Émile Zola a mille fois raison d'évoquer, dans La Conquête de Plassans, une « petite pièce attenante à la sacristie ». Le cas peut pourtant paraître un peu moins pendable, le verbe attenir étant toujours recensé (pour mémoire !) par le Trésor de la langue française...