Dit-on que l'on a
« un de ces mal de tête »
ou « un de ces maux de tête » ?...
Pour la grammaire pure et dure, la question ne se pose pas : après un déterminant tel que ces, seul le pluriel est envisageable. Cela dit, le sens a ses raisons que la grammaire ne connaît pas toujours !
Si, en effet, ce pluriel satisfait au mécanisme des accords, il n'en sert pas pour autant le message : il s'agissait de souligner le caractère exceptionnel, unique, et donc singulier de ce mal de tête, et la langue nous oblige à user du pluriel !
Partant, on ne s'étonnera pas que le commun s'affranchisse plus souvent qu'à son tour de ce diktat. C'est que, nous explique l'auteur du Bon Usage, la « valeur primitive » du tour est « si bien affaiblie » qu'on ne fait plus jouer à un de ces que « le rôle d'un adjectif à un haut degré ». Et ce cafteur de Grevisse de citer Henri Troyat dans Malandre : « J'ai un de ces mal de tête » ; ou encore Raymond Queneau dans Saint Glinglin : « Je me suis levé vers les midi, avec un de ces mal aux crins ». On ne saurait de toute façon leur en tenir rigueur : ne se devaient-ils pas au contraire, en romanciers qui se respectent, de reproduire fidèlement le parler familier de leurs truculents personnages ?
Ce mépris de l'environnement syntaxique n'est d'ailleurs pas une première dans la langue : d'aucuns se souviennent qu'ici même a naguère été abordée l'épineuse question de des plus, indifféremment suivi du singulier ou du pluriel : il ne sera pas dit que nous n'aurons pas fait tout ce qui était en notre pouvoir pour que le lecteur soit « des plus rassurés » ou... « des plus rassuré » !
Reste à établir si, dans le cas qui nous occupe aujourd'hui, le recours au singulier doit demeurer l'apanage de la langue parlée, ou s'il est à terme soluble dans l'expression soignée. Visiblement et comme souvent, Grevisse constate mais ne va pas jusqu'à recommander. Même prudence chez Hanse et Blampain : « Après un de ces, écrivent ces sages, il est normal et à conseiller, nettement, de mettre le nom au pluriel. »
L'Office québécois de la langue française se montre, pour sa part, autrement accommodant : « Cependant, lorsque [le] nom se termine en -al ou en -ail, on le laisse généralement au singulier, surtout pour des raisons d'euphonie. Cet accord illustre par ailleurs le fait que la valeur partitive de l'expression disparaît au profit de sa valeur emphatique. »
Voilà qui sonne plutôt comme un acquittement, non ?