Maxence Van der Meersch : quand
les sirènes de la notoriété se taisent...

< dimanche 16 septembre 2007 >
Chronique

Il est deux panthéons en France. Le premier, qui a droit à la majuscule, affiche depuis plus de deux siècles son admiration pour les... grands hommes. Devise machiste, n'ont pas manqué de faire remarquer les tenants du « politiquement correct » mais il faut avouer qu'Aux grandes personnes la patrie reconnaissante ferait un rien tarte ! Le second est le Petit Larousse. Accéder à ce saint des saints que constitue sa partie noms propres est le signe, indéniable, d'une destinée... hors du commun ! « Quelque chose de plus épatant que la Légion d'honneur », renchérit le cinéaste Patrice Leconte, élu de fraîche date. Ce qu'a confirmé, lors de la présentation en grande pompe du millésime 2008, et non sans émotion, l'écrivain Dominique Rolin (nous ne nous faisons pas à écrivaine et à ses relents d'inutilité) : « C'est un coup de bonheur magique. J'entre dans la forêt des mots qui m'admet, justifie mon travail, me permet d'immenses voyages neufs. » L'a dit aussi, avec une dérision que l'on devinait de surface, l'anticonformiste Jacques Higelin, fâché d'avoir Hitler à ses basques et plus encore de se voir précéder dans l'ordre alphabétique par cet usurpateur de Johnny, pourtant né Smet ! C'est que, même concurrencé par Robert — dont on s'obstine à faire un rival alors que l'un et l'autre ne chassent visiblement pas sur les mêmes terres —, le Petit Larousse demeure un superbe écrin, où chaque pierre se découvre précieuse... Netteté de la mise en page, qualité de l'iconographie, élégance des traditionnelles planches illustrées (quand on s'étonnerait cette année que les présidents de la Ve République fassent pendant aux félins, aux dinosaures et aux serpents : coïncidence ou persiflage ?... Bref, rien de plus doux à l'ego qu'une concession à l'ombre de la Semeuse. À condition, bien sûr, qu'elle soit à perpétuité : l'infortuné Van der Meersch, dont le Nord fête cette année le centenaire de la naissance, est payé pour le savoir. Plus trace de Maxence, et depuis belle lurette, dans les allées soigneusement entretenues du Petit Larousse. L'honneur du nom n'y est sauvé que par un général flamand... dont nous avons appris là l'existence. D'autant plus inexplicable que le Grand Larousse consacre, lui, huit lignes à l'écrivain roubaisien... et seulement cinq audit général ! Interpellé lors du raout, un membre influent de l'état-major nous a confié que le retour en grâce de Maxence était à l'ordre du jour. Reste à savoir de quel jour.