Après des années de désinformation sur Tchernobyl...
Enfin la vérité... toute nue !
On s'en doutait un peu mais la chose est désormais avérée : quoi qu'aient prétendu — sous l'effet de basses pressions ? — les voix prétendument autorisées de l'époque, le nuage de Tchernobyl est réellement passé au-dessus de nos têtes, pour le plus grand bien des thyroïdes hexagonales. Un récent rapport d'experts conclut même au mensonge d'État. Un de plus, pesteront certains pisse-froid peu enclins à porter aux nues notre personnel politique, mais peut-on décemment lui reprocher de faire en sorte que le bonheur de ses administrés soit... sans nuage(s) ? Profitons plutôt de l'occasion — et de cette locution, au singulier chez Robert, au pluriel chez Larousse — pour aborder l'épineuse question du complément de la préposition sans. Contrairement à une opinion trop répandue, laquelle doit beaucoup aux nécessaires simplifications de l'enseignement élémentaire, il n'est nullement voué au singulier, quand bien même ce dernier l'emporterait haut la main dans les expressions figées : pour une poignée d'entre elles qui recourent au s (sans ambages, sans frontières, sans manières, sans nuances, sans témoins...), combien s'en dispensent (sans accroc, sans commentaire, sans condition, sans conséquence, sans délai, sans détour, sans difficulté, sans écho, sans encombre, sans frein, sans issue, sans précédent, sans reproche, sans réserve, sans restriction, pour ne citer que celles-là) ! Dans tous ces cas, l'usage a plus ou moins arbitrairement tranché et il importe, pour qui ne veut point s'embarquer sans... biscuit, de s'en remettre aux dictionnaires, au risque de constater, comme plus haut, qu'ils se contredisent à l'occasion. Sinon, c'est le bon sens qui doit prévaloir. On écrira sans... remords (celui-là est bien commode) un gilet sans manches parce que, quand il en comporte, elles sont toujours deux ; une dictée sans fautes car, par les temps qui courent, l'élève qui n'en commettrait qu'une serait mûr pour l'Académie française. En revanche, on écrira une boîte sans couvercle, puisqu'un seul suffit généralement à son bonheur ; une pièce sans porte... ni fenêtres, un instant de réflexion suffisant à justifier ce qu'un coup d'œil trop rapide taxerait aisément d'incohérence. Il ne nous reste plus qu'à prendre congé et à vous donner rendez-vous au 19 avril... sans faute cette fois !