Vulcanologue ? Volcanologue ?

Deux pour le prix d'un...

< mardi 30 juillet 2002 >
Chronique

Peut-être entre-t-il dans vos intentions de profiter des vacances pour visiter le parc Vulcania, cher à VGE ? C'est qu'il y a quelque chose de délicieusement paradoxal — de pathétique, presque — à voir le bouillant successeur de Georges Pompidou assurer la promotion de volcans éteints, comme si la vérité était désormais au fond du puy ! Au demeurant, le phénomène n'a rien d'inédit : René Monory ne s'était-il pas fait, avec son Futuroscope, le chantre des techniques nouvelles avant de présider aux destinées du très traditionaliste Sénat ? D'ici que Jean-Pierre Raffarin, le représentant de la France d'en bas, se mette en tête, à sa sortie de Matignon, d'exploiter un planétarium, il n'y a qu'un pas ! Mais laissons là le persiflage pour nous pencher sur ce péché mignon de la langue française que nous suggère le sujet du jour : la cohabitation (décidément !) de deux formes au moins pour désigner une seule et même chose. S'il a déserté les colonnes du Petit Robert, le vulcanologue est en effet toujours en activité chez Larousse, au côté de son alter ego volcanologue. Ce n'est là qu'un exemple parmi beaucoup d'autres. Le français trouve malin d'entériner cancérigène et sa métastase cancérogène. Il accueille en son sein mammectomie et mastectomie. Il ne tremble pas devant le double emploi séismologie/sismologie. Il jouirait presque de la paire orgasmique/orgastique, de même qu'il prend son pied en nous voyant hésiter au carrefour de rues piétonnes ou piétonnières. Que mégapole et mégalopole aient toutes deux droit de cité le ravit. Que le coordonnateur soit intimement lié au coordinateur l'enchante. Que l'ophtalmologue et l'ophtalmologiste se surveillent du coin de l'œil le comble d'aise. Certes, il condescend à nous expliquer de temps à autre que le gazouillis est le bruit produit par un ensemble de gazouillements (Robert) ou un gazouillement léger (Larousse, écoutez la différence !) ; que l'échouement est fortuit alors que l'échouage est intentionnel (Larousse et Robert, ouf !). Mais, le plus souvent, il se plaît à nous laisse brimbaler, ou bringuebaler, ou brinquebaler de louvoyage en louvoiement, patauger entre aquaculture et aquiculture. Et tant pis si le locuteur étranger, dûment partagé entre flatulence et flatuosité, en conclut que la prétendue rigueur du français, ce n'est au fond... que du vent !