Les hebdos au banc d'essai orthographique
Victoire... au Point !
Surtout, que l'on n'aille pas entendre malice à une entreprise comme celle-ci : nous n'avons en la matière, que les choses soient claires, de leçons à donner à personne. La coquille sévit — a toujours sévi — dans toute la presse et, quand nous ne serions pas le dernier à le regretter, notre quotidien, pas plus qu'un autre, n'y échappe. Simplement, il nous a paru amusant de retourner contre nos hebdomadaires — en français branché, on dit plus couramment « news » — cette propension qui est la leur à tout classer (grandes villes, personnel politique, téléphones portables, barrer les mentions inutiles pour peu qu'il y en ait) ; de les soumettre à leur tour à un banc d'essai dont l'unique critère, si secondaire qu'il semble à beaucoup, serait celui de la correction orthographique et grammaticale. Ne suffisait-il pas (c'est naturellement là façon de parler) de les lire pour une fois de la première page à la dernière, et si possible au même moment de l'année afin de se prémunir contre d'éventuelles variations saisonnières ? Le résultat, que vous pouvez consulter dans nos colonnes latérales, appelle un certain nombre de remarques. Globalement, d'abord, la performance est de qualité. Chez les meilleurs, elle confine même à l'excellence : quatre ou cinq impuretés dans un magazine qui compte une centaine de pages, c'est, eu égard aux contraintes techniques et à l'urgence qui préside, même au sein d'un hebdomadaire, à la rédaction des articles, beaucoup mieux que certains livres. Une pierre dans le jardin d'éditeurs de plus en plus enclins à rogner sur le temps de la relecture ! La deuxième remarque, c'est que le vérificateur orthographique, s'il rend d'indéniables services — l'activer eût à coup sûr suffi à faire filer ces « arraignées » d'un nouveau genre, ou encore à élargir ces « chausures » de toute évidence trop étroites —, ne remplace toujours pas l'œil humain, plus apte (et c'est tant mieux !) à se repérer dans le dédale de notre syntaxe. Enfin, est-ce une coïncidence si c'est Le Point, lequel s'est élevé avec vigueur il y a quelque dix ans contre toute remise en cause de l'orthographe, qui remporte la palme alors que Marianne, plus sensible aux sirènes de la réforme, ferme la marche ? Ou serait-ce que l'on respecte plus volontiers un code auquel on adhère ? Le débat est ouvert !