Après le football, le handball...

La France qui gagne, oui !
Mais le français ?

< mardi 20 février 2001 >
Chronique

La France n'en finit plus de s'illustrer sur le terrain sportif : championne du monde et d'Europe de football, vice-championne du monde de rugby, vice-championne olympique de basket-ball, voilà qu'elle est couronnée pour la deuxième fois championne du monde de handball. C'est « la France qui gagne », titre notre confrère l'Équipe. N'attendez pas d'un quadra (ascendant quinqua) qu'il joue les rabat-joie : pour moquer ces cocoricos, il faudrait avoir oublié que les vaches, avant de s'affoler, ont été longtemps maigres... Que s'est-il donc passé ? Notre Premier ministre, s'il manque parfois un panier, a vite fait de saisir la balle au (re)bond : c'est là le résultat de toute une politique sportive, souffle-t-il sous le nez de son alter ego des vestiaires, Jacques Chirac, dansant presque devant la Buffet. Au demeurant, ce n'est peut-être pas faux. Mais l'O.P.A. est à double tranchant. Qui n'a remarqué qu'au moment où la France gagne, le français perd ? Qu'à l'heure même où nos handballeurs prenaient le meilleur sur les Suédois, les images au ralenti étaient frappées d'un « reverse angle » du plus consternant effet ? Car à quoi bon exiger que la charte olympique soit respectée à Atlanta et à Sydney si l'on se montre impuissant, lors d'un tournoi organisé en France et retransmis par une chaîne publique française, à user de sa langue maternelle ? Loin de nous, évidemment, l'idée que ce constant recul soit (seulement) dû à une absence de politique de la langue. Mais à trop brandir son bilan, ce qui est somme toute légitime en soi, on risque d'avoir à en assumer, du même coup, la colonne « débit ». Nous avons, pour notre part, une autre explication de l'embellie que connaît actuellement le sport français. Elle n'exclut pas celle de Lionel Jospin, elle la compléterait plutôt. Ce qui a changé, au-delà des structures, c'est la mentalité. Le sportif français ne trouve plus incongru de gagner. Il est habité d'une telle confiance en lui que la chance elle-même, qui le boudait hier, aujourd'hui lui sourit, sous la forme d'un tir de Wiltord, de Richardson ou d'Anquetil, à quelques secondes du coup de sifflet final. Une confiance que l'on serait bien inspiré, en haut lieu, de redonner aux usagers de notre langue. Ne leur a-t-on pas trop répété que l'anglais était désormais irrattrapable au tableau d'affichage ? Allez renverser une situation avec un moral comme celui-là !