Snobissimots
Avouons-le sans détour : la presse écrite n'a que trop tendance à sacrifier à l'anglomanie ambiante, et nos lecteurs ne sont pas les derniers à nous en faire grief. Cela dit, et quand la chose ne nous dédouanerait en rien, le mal est partout, comme on le verra ci-après...
Lu sur une affiche de la FNAC : « Carte FNAC Jeune, Over Puissante ». Quoi de plus naturel, quand, d'hyper en giga, on croit avoir épuisé toute la gamme des superlatifs, que d'aller se fournir chez le voisin d'en face ? Le plus cocasse est peut-être cet astérisque, imposé par la loi, et qui renvoie, beaucoup plus bas, en petits caractères, à une traduction plus qu'approximative : très puissante ! Français Négligé, Anglais Cajolé, serait-ce là le dernier avatar du sigle FNAC ?
Aperçu sur les intercalaires d'un magasin Furet du Nord : « Dances du monde » et « Divers Dances ». Renseignements pris, rien à voir avec la variante commerciale de la techno. C'est bien de « danses », au sens le plus général et français du terme, qu'il était question, mais la graphie anglaise est tellement plus chou ! Au reste, ce ne serait pas la première fois que l'on snobe notre orthographe, réputée compliquée, au profit de celle d'outre-Manche, infiniment plus simple. Pourquoi écrire langage, trafic, bifteck et rosbif quand on a sous la main language, traffic, beefsteak et roast-beef ?
Entendu (une trentaine de fois au bas mot) tout au long de l'émission Multishow du 27 janvier : « C'est live ! » Pour le coup, « en direct » aurait suffi, puisque le principe de l'émission consistait à s'inviter à des spectacles qui se déroulaient ce soir-là. Le clou, c'est que l'animateur, Gregory Charles, était canadien. Si le Québec s'y met, où va-t-on, tabarnak ?