Noms voyants
Éponymes de tous les pays, unissez-vous ! Vous êtes plusieurs, dans l'histoire, à avoir connu les mêmes affres que Guillotin. Grâces vous soient ici rendues...
Vespasien. Parce que cet empereur romain avait institué un impôt sur la collecte de l'urine, son nom est resté attaché, sous la forme féminisée de vespasienne, aux urinoirs publics. On a beau rappeler que l'œuvre de ce César ne se borna pas, il s'en faut, à ce détail un tantinet sordide, c'est comme si on... pissait dans un violon !
Nicolas Chauvin. Ce valeureux grognard affichait, c'est vrai, une dévotion sans faille pour l'Empereur. De là à en faire le prototype du patriotisme agressif et exclusif, il y avait un pas que ce fantassin se serait sans doute gardé de franchir. La postérité, hélas, l'a fait pour lui.
Claude Philibert Barthelot, comte de Rambuteau. Ce préfet de la Seine l'a échappé belle : si vespasienne ne s'était pas finalement imposé, c'est son nom qui aurait continué à désigner, pendant plus d'un siècle, les urinoirs qu'il fit installer à Paris en 1833. Une veine comme celle-là, ça s'arrose !
Eugène René Poubelle. Les préfets de la Seine auraient-ils vocation à enrichir la langue ? Toujours est-il que celui-ci, qui imposa aux Parisiens l'usage de la boîte à ordures, n'est pas près d'en sortir. L'histoire ne dit pas si, outré d'entendre son nom qualifier ledit récipient, l'intéressé a vidé son sac...
Limoges. Voilà une ville qui a toutes les raisons d'en vouloir à Joffre : le généralissime ne décida-t-il pas, en septembre 1914, d'y assigner à résidence les officiers généraux qu'il jugeait inaptes à faire campagne ? Il n'en fallait pas plus pour que naquît le verbe limoger.