À la fortune du mot

< mardi 21 octobre 1997 >
Vocabulaire

Quelques précisions, pas forcément inutiles, sur les expressions que vous lirez dans les colonnes ci-contre :

Vouer aux gémonies. Ces dernières désignaient, à Rome, l'escalier où l'on exposait le corps des suppliciés que l'on jetterait ensuite dans le Tibre. D'où le sens moderne d'opprobre public.

Lancer des regards de Gorgones. Lesdites Gorgones, monstres à la chevelure de serpents, avaient la réputation de changer en pierre quiconque s'avisait de les dévisager.

Les fourches caudines. C'était là le nom d'une gorge montagneuse des Apennins, à l'intérieur de laquelle l'armée romaine se laissa un jour surprendre. Les légionnaires durent alors, en signe d'humiliation, défiler devant leurs vainqueurs sous un joug fait de lances dressées.

Jouer les Cassandre. Si cette fille de Priam a donné son nom aux prophètes de mauvais augure, c'est qu'elle se serait refusée à Apollon, dont elle tenait pourtant le don de prédire l'avenir. Le dieu décréta pour se venger qu'elle ne serait jamais crue.

Tomber de Charybde en Scylla. Si l'on en croit l'Odyssée, le détroit de Messine était gardé par deux monstres : le gouffre Charybde et l'écueil Scylla. L'on n'échappait aux remous de l'un que pour s'écraser sur l'autre. Balzac met une variante cocasse dans la bouche de l'un de ses personnages : de caraïbe en syllabe !

La roche Tarpéienne n'est pas loin du Capitole. Si celui-ci était par excellence le lieu romain du triomphe (les généraux vainqueurs y rendaient grâce à Jupiter), celle-là, toute proche, symbolisait la déchéance : c'est de son sommet que l'on précipitait les traîtres.