À la fortune du mot

< mardi 9 janvier 2001 >
Vocabulaire

Qui s'en étonnera ? Les rois règnent aussi sur nos locutions de tous les jours, qu'elles soient d'avant-hier ou d'aujourd'hui...

Aller où le roi va à pied. Autrement dit au petit coin, où, comme chacun sait, les préséances n'ont plus de raison d'être ! Alfred Delvau rappelle dans son Dictionnaire de la langue verte que c'est sur ce trône peu glorieux, encore appelé « chaise d'affaires », que le roi Henri III fut assassiné par le moine Jacques Clément.

C'est le roi de la fève. Il n'est pas difficile de deviner que ce roi-là, dit aussi « de théâtre », n'a aucun pouvoir, et que son autorité est allègrement bafouée. On a pu parler, dans un registre voisin, de la « cour du roi Pétaud », qui deviendra notre « pétaudière » !

Donner un soufflet au roi. C'était là signifier d'élégante façon que l'on fabriquait de la fausse monnaie... Les variantes ne manquaient d'ailleurs pas : « bailler sur le nez du roi », « bailler mornifle sur les lèvres du roi », etc.

Faire comme le roi devant Pavie. À savoir dépenser son argent jusqu'au dernier sou, à l'instar de François Ier, censé avoir tiré « jusques à la dernière pièce » avant d'être fait prisonnier, en 1525, par les troupes de Charles Quint.

Manger du pain du roi. Tel était le triste privilège de celui qui, jadis, était en prison, aux galères ou, plus communément, dans l'armée. S'agissant des deux premiers cas, on disait aussi « être pensionnaire du roi ».

Travailler pour le roi de Prusse. Mercenaires et agents dudit roi étaient, paraît-il, plutôt mal payés au début du XVIIIe siècle. Mais il n'est pas impossible qu'une chanson de 1757, ironisant sur la défaite du prince de Soubise à Rossbach, durant la guerre de Sept Ans, ait relancé l'expression.