À la fortune du mot
Il n'y a rien que de très normal à ce que les vêtements, véritables vedettes des soldes à venir, aient été, au cours des âges, habillés de divers vocables... plus ou moins seyants. Au hasard, décrochons-en quelques-uns du portemanteau.
Atours. Celui-là ne s'emploie plus que sur le mode ironique ou plaisant. Il est vrai qu'avant de désigner, au pluriel, tout ce qui servait à la parure du beau sexe, il évoquait, au singulier, le hennin, coiffure de la femme noble par opposition au chapeau, dévolu à la bourgeoise. Ce côté élitiste n'a sans doute pas peu fait pour la marginalisation du mot.
Effets. Le registre est tout aussi soutenu, même si les liens avec l'aristocratie sont moins évidents : ce terme s'appliquait, au XIVe siècle, à ce que l'on possédait sous une forme... effective, notamment linge et vêtements.
Fringues. On sera sans doute surpris d'apprendre que ce terme, donné pour familier par les dictionnaires, et de surcroît souvent perçu comme péjoratif, s'appliquait initialement à une toilette de luxe, propre à séduire. Mais, à y bien réfléchir, n'est-il pas de la même famille que fringant ?
Frusques. Il s'agit là d'un morceau du saint-frusquin, auquel il nous arrive encore, par plaisanterie, d'avoir recours au terme d'une énumération (et tout le saint-frusquin), et qui désignait, dans la langue populaire, tout ce qu'un homme avait d'argent, de vêtements, etc.
Nippes. Là encore, le mot s'est dévalorisé car il n'était question au départ que d'objets de parure, sans la moindre nuance dépréciative, Théophile Gautier n'hésitant pas à parler de « belles nippes ». Les choses se sont un peu gâtées depuis !