On nous écrit

< mardi 19 septembre 2000 >
Courrier

À puriste, puriste et demi ! Un lecteur de Lambersart nous gronde — gentiment — d'avoir usé d'une locution là où, selon lui, elle n'était pas de mise. La phrase incriminée est la suivante : « Pas de trait d'union pour Robert, même si, à l'entrée , l'exemple qu'il cite en comporte un. » Ce même si ne lui paraissant pas destiné à exprimer une hypothèse (ce que nous n'aurons garde de contester), notre lecteur craint que nous ne finissions nous aussi par « baisser les bras devant l'usage de plus en plus étendu de même si au sens de bien que ». Que nenni, cher lecteur ! Mais, outre que nous ne trouvons pas le cas pendable (c'est en pure perte que nous avons cherché un grammairien qui le condamne), il nous semble réducteur de vouloir borner la conjonction si à sa seule valeur hypothétique : précédée ou non de même, n'exprime-t-elle pas également, quand la chose serait moins courante, l'opposition ? De bon aloi est cette phrase, relevée dans La Voix du Nord du 8 septembre : « Si Jean-Claude Gayssot prend grand soin de laisser sa porte ouverte au dialogue, il refuse obstinément toute nouvelle concession. » Le très sourcilleux Jean Girodet n'y trouve lui-même rien à redire, qui va jusqu'à préciser que dans ce cas futur et conditionnel sont envisageables, alors qu'ils ne le sont jamais quand il est question d'exprimer une hypothèse ! Nous verrions presque à cette construction avec même si un avantage que ne possède pas l'autre : le recours à l'indicatif, lequel, on le sait, insiste sur la réalité du fait. Voilà qui, plus sûrement que le subjonctif qu'aurait entraîné bien que, met en lumière les contradictions du Petit Robert... qu'en l'occurrence nous sommes bien loin d'avoir voulu cacher. C'est égal : merci de nous lire avec une telle attention !