La Voix au chapitre
Qui a peur des sycophantes ? Certainement pas Alain Juppé, qui a déjà fort à faire, nous l'avons vu ci-contre, avec ses thuriféraires ! Le sycophante est au contraire un délateur, un mouchard, au sens premier du terme une personne, ça ne s'invente pas, « qui dénonçait les voleurs de figues » ! En fait, cette question un tantinet angoissée sert de titre au deuxième recueil de dictées de Michel Courot, récemment publié dans l'excellente petite collection Mots et Cie. Qui ne se souvient de la première livraison, Le Nyctalope et les phylactères, dont s'étaient goulûment sustentés, nul ne s'en étonnera, les sectateurs de Bernard Pivot, mais aussi et plus simplement tous ceux — Dieu merci, cela fait encore du monde — que notre langue ne laisse pas totalement indifférents ? Il faut reconnaître que l'auteur, s'il fut d'ailleurs lui-même un brillant Dico d'or 1995, n'a pas son pareil pour « ratisser large » et concocter des textes qui comblent le professionnel sans pour autant effaroucher l'amateur. Ajoutez à cet œcuménisme de bon aloi une dose non négligeable de poésie, ainsi que des commentaires où l'humour le dispute à la concision, et vous aurez compris pourquoi Jean-Loup Chiflet, le créateur ô combien passionné de ces petits livres pas comme les autres, se frotte d'ores et déjà les mains : ce second tome devrait égaler et peut-être même dépasser le succès du premier. C'est tout le mal que nous souhaiterons, pour notre part, à ces « dictées subtiles et malicieuses », et tant pis si nous donnons nous aussi l'impression de sombrer dans le dithyrambe. Après tout, c'est peut-être la semaine qui veut ça...
Qui a peur des sycophantes ?, dictées subtiles et malicieuses (2), par Michel Courot (Mots et Cie). 120 p., 9 €.