La Voix au chapitre
Si la langue française a plus d'une raison de se lamenter, il lui arrive aussi, juste retour des choses, de faire gémir la presse. En témoigne ce clin d'œil, forcément complice, à deux nouveau-nés de l'édition...
Le Nyctalope et les phylactères, par Michel Courot (120 p., Mots et Cie, 9 euros). Le titre n'en fait pas mystère, il s'agit d'abord de séduire les traditionnelles victimes (consentantes) de la dictée de Pivot en leur fournissant, sous forme de dictées « subtiles et malicieuses », leur pain quotidien en matière d'entraînement. L'auteur n'est autre, d'ailleurs, qu'un ancien Dico d'or (1995) qui, plutôt que de s'abîmer dans la repentance à la mode, persiste et signe là quelques textes jubilatoires et riches en écueils de toutes sortes. Que l'on ne s'y trompe pas cependant : bien au-delà de la compétition orthographique, ces phylactères seront un ballon d'oxygène pour tous ceux qui pestent, et souvent avec raison, contre l'appauvrissement croissant de notre langue...
Mais que fait l'Académie ? (96 p., Mots et Cie, 9 euros). Toujours dans la collection que dirige Jean-Loup Chiflet, ce « petit dictionnaire des mots qui devraient exister » recense les principales trouvailles des lecteurs de notre confrère Sud-Ouest, invités l'été dernier à « combler les vides lexicaux de la vie quotidienne ». Le résultat vaut son pesant d'humour, à l'image de ce relâchement, qualifié d'abdominable, qui frappe nos ceintures ; de ce compagnon de beuverie rebaptisé alcoolyte ; de cette australopiquette, vin des antipodes de mauvaise qualité ; ou encore de ce trop célèbre autonombriliste, dans lequel on aura évidemment reconnu quiconque se croit seul sur la route. Et l'on s'est borné là à la lettre A !