Paralympique : quand l'étymologie
est à géométrie variable...
Ce n’est un secret pour personne : l’étymologie n’a rien d’une science exacte et l’origine d’un vocable est souvent sujette à conjectures. Mais ce que nous apprend le mot du jour, c’est qu’elle peut aussi évoluer !
Le calendrier des Jeux paralympiques étant désormais calqué sur celui des olympiques, grande est la tentation d’y voir la main de l’élément para, lequel signifiait en grec « près », « à côté de » : la compétition qui a été lancée en grande pompe ce mercredi se déroule seulement « en marge » de celle qui l’a précédée, sans autre renseignement sur sa spécificité. Toute ressemblance entre paralympique et paralysé ne saurait donc être que fortuite : le terme résulte de l’adjonction dudit préfixe à l’adjectif olympique, le « o » initial de ce dernier renvoyé pour l’occasion à ses chères études.
À y bien regarder, c’est pourtant une tout autre leçon que récite le Petit Robert, lequel avance pour sa part la thèse d’un mot-valise anglais datant de 1953, fait des deux premières syllabes de paraplegic et des deux dernières d’olympics ! Cette fois, la couleur est annoncée, puisque l’on a clairement affaire à des Jeux olympiques réservés aux paraplégiques…
N’en déplaise à tous ceux qui s’obstinent à croire en une vérité une et indivisible, les deux thèses ne s’excluent pas. À l’origine, il s’est effectivement agi d’organiser un concours de tir à l’arc pour les seuls athlètes en fauteuil roulant, anciens combattants blessés à la moelle épinière durant la Seconde Guerre mondiale. Le nouveau Pierre de Coubertin s’appelait Sir Ludwig Guttmann, un neurologue allemand exerçant à Londres. Ce n’est que par la suite, et progressivement, que ce qui se voulait simple méthode de rééducation est devenu compétition internationale officielle, s’ouvrant par là même à toutes sortes de handicaps et de disciplines sportives.
Historiquement parlant, donc, le flou artistique qui semblait présider à l’étymologie du mot se justifie deux fois plutôt qu’une. Humainement, c’est encore plus vrai. En se faisant volontairement plus vague, en oubliant délibérément le paraplégique pour ne retenir que son préfixe, l’analyse d’aujourd’hui gomme la différence d’hier et oblige à un regard autrement inclusif. Au lieu d’imprécision, c’est de souplesse et de tact qu’il est ici question. C’est bien la première fois que l’auteur de ces lignes se réjouit que la science puisse être matière à interprétation !