Quand l'amour du bon verre
côtoie celui du beau... verre !
Il n'est pas nécessaire de boire régulièrement du vin pour en avoir plein la bouche : c'est la leçon que beaucoup tireront de cet enivrant « Parlons vin, parlons bien ! », sorti à point nommé des caves du Robert.
Au pays enchanté de François Rabelais et d'Antoine Blondin, on ne pouvait en effet rêver plus belle consolation au lendemain d'une finale qui nous a vus… vendanger comme il faut l'occasion, pas si fréquente pourtant, d'ajouter une troisième étoile au maillot national : au revoir les Bleus, allez les rouges !
Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le… jaja : ses bouchons, ses mâchons, ses flacons (que, quoi qu'on en dise, ne saurait marginaliser l'ivresse), et même ses dictons ! C'est que, comme le laissait supposer d'emblée la signature de l'éditeur, le point de vue du lexicologue a tôt fait de rejoindre ici celui de l'œnologue. La présence, parmi les trois aut…rices, de Marcelle Ratafia (on est toujours trahi par son patronyme !), la spécialiste de l'argot des zincs et des étymologies comestibles, vient le confirmer s'il en était besoin : au moins autant que de le boire, il sera question de dire le vin, de le chanter, de l'écrire et de l'inscrire dans une perspective plus vaste et plus essentielle qui est celle, chacun l'avait deviné, d'un certain art de vivre à la française.
Rien, en l'occurrence, qui pèse ou qui pose, il convient de rassurer quiconque irait redouter un bavardage entre initiés, à la limite du snobinard. Bien au contraire, du pétillant à chaque page que Bacchus fait, des découvertes jusqu'à plus soif, de gouleyantes anecdotes qui se boivent cul sec. Le bon mot et la goutte de bonne humeur sont partout. À vous la Marseillaise du buveur, les saillies de Gabin et autres pousse-au-rire du même tonneau : comme ce livre ne vous lâchera pas la grappe de sitôt, mieux vaut vous prévenir que vous n'êtes pas près de sortir de l'auberge !
Un exemple entre mille : notre de Gaulle national qui, lors d'un passage dans le Bordelais, se voit offrir un château-haut-brion 1961 et, sans la moindre vergogne, le coupe aussitôt — horresco referens ! — d'une imposante mesure d'eau… La preuve que l'on peut être général et sauver la France sans pour autant s'y connaître en canons ! Mais qui diable, on vous le demande, oserait mettre en parallèle un bordeaux humilié et un Paris libéré ?
Parlons vin, parlons bien !, par Alicia Dorey, Marcelle Ratafia et Louise Pierga (éd. Le Robert), 240 p. 18 x 27 cm, 26,90 €.