Nuls en français, ça va ;
mais nuls en maths, bonjour les dégâts !

< dimanche 18 décembre 2016 >
Chronique

Il fut un temps où, pour n'avoir point de pétrole, la France avait des idées, et cela suffisait à la consoler. Las ! il ne se passe plus un an sans que le classement Pisa nous remette, là aussi, à notre vraie place.

Force est en effet de se rendre à l'évidence : nos élèves ne sont plus seulement distancés sur le terrain de la « littératie », mais encore sur celui de la « numératie ». Entendez par là, et pour faire simple, qu'ils sont aussi nuls en maths qu'en expression. Et là, branle-bas de combat ! Que le Français de demain ne comprenne rien à ce qu'il lit ou à ce qu'on lui dit, cela peut encore aller ; mais qu'il ne soit plus même capable d'additionner ses tares pour frémir devant le résultat obtenu, voilà qui est autrement sérieux.

Voilà du moins qui risque de déplacer le débat et de faire que l'on se pose enfin les vraies questions. Car, tant qu'il ne s'agissait que de français, on entendait surtout critiquer la matière. Ainsi, si nos chères têtes blondes se révélaient inaptes à assimiler l'orthographe, c'était seulement que cette dernière ne leur était plus appropriée et qu'il convenait de la réformer. Loin de chercher à faire progresser nos élèves sur des terrains qu'ils laissent volontiers en friche, à savoir ceux de l'attention et de la rigueur ; loin de chercher à leur fournir des armes pour qu'ils puissent s'attaquer à une difficulté qu'ils auraient de toute façon à affronter tôt ou tard, on s'attachait d'abord à la faire disparaître. N'a-t-on pas vu, sur la Toile, des pédagogues appeler de leurs vœux une « nouvelle définition des règles orthographiques adaptées à la communication de masse » ? En clair, une langue qui s'accommode enfin de la médiocrité ambiante et surtout de la paresse des utilisateurs. « Car qui aujourd'hui, insistait-on, a encore le temps de vérifier l'orthographe exacte des innombrables textes qu'il publie quotidiennement sous des formes variées (SMS, mails, notes, lettres, listes, articles, etc.) ? » On n'a plus le courage ni l'élémentaire correction de se relire ? Faisons en sorte que la relecture devienne inutile !

Curieusement, nous n'avons entendu personne déclarer, ces dernières semaines, que la rigueur qu'exigent les mathématiques n'était plus adaptée à notre époque. Mais c'est peut-être, insinueront les pince-sans-rire, que deux plus deux, cela fera toujours deux ! (En tout cas en France...)