N'allons pas prendre les enfants
de Marianne pour des canards sauvages !

< dimanche 27 novembre 2016 >
Chronique

Le sujet n'est certes pas nouveau et nous l'avons déjà abordé par le passé. Jamais, cependant, l'adjectif volatil n'aura été à pareille fête, une semaine après le premier tour de cette primaire de la droite et du centre...

Il faut reconnaître qu'un candidat qui, en quelque quinze jours, multiplie par quatre le score que lui prédisaient initialement les instituts de sondage, cela a de quoi justifier le concept de volatilité, d'habitude plus à son affaire dans les milieux de la finance et de la Bourse !

Qui ne verrait pourtant, s'agissant ici de dénoncer un électorat qui change d'avis comme de chemise, que le danger réside, sur le plan orthographique du moins, dans une possible confusion avec le synonyme versatile, du moins tant qu'on ne s'ingénie pas à accommoder ce dernier à la sauce anglaise ? (Rappelons qu'outre-Manche on voit surtout dans la versatilité en question une polyvalence, une louable faculté de s'adapter aux circonstances, alors que chez nous elle reste l'apanage de la girouette.)

Au demeurant, ce ne sera pas la première fois que l'on hésite sur l'orthographe d'un adjectif en -il(e) : nos dictionnaires usuels eux-mêmes s'étripent à propos d'un type de coma, écrit vigil chez Larousse, mais considéré comme vigile par Robert ! On ne s'étonnera donc pas que sur le site de BFM TV, il y a quelques semaines, on ait douté de la capacité d'un ancien président à « récupérer durablement un électorat volatile ». L'erreur s'explique d'autant plus aisément qu'en français les adjectifs de cette finale sont épicènes (entendez par là qu'ils ont la même forme aux deux genres) plus souvent qu'à leur tour...

L'ennui est que — on ne l'apprendra à personne — ledit volatile existe bel et bien, et que celui-là ne contribuera pas forcément à caresser le corps électoral dans le sens de la plume ! Pour une fois, en effet, que l'électeur répond présent au-delà de toute espérance, qu'il afflue dans les bureaux de vote et paie même pour ça alors qu'il les désertait quand c'était gratuit, est-il vraiment judicieux d'aller l'assimiler, fût-ce involontairement, à un oiseau de basse-cour ? Faut-il vraiment lui laisser craindre que, cette fois comme les précédentes, il ne redevienne, l'espoir suscité par l'élection une fois retombé, ce qu'il n'a que trop souvent été jusqu'ici : le... dindon de la farce ?