Pour qui sont ces « tremblements »
qui grondent sur nos têtes ?
Le séisme qui a récemment frappé la péninsule italienne, et en particulier la région des Marches, ne nous a pas seulement rappelé que l'homme est peu de chose quand il est livré à la fureur des éléments...
Il aura aussi attiré l'attention du chroniqueur de langue sur l'expression familière et tout le tremblement, dont on use volontiers pour clore une énumération et signifier « etc., et tout le reste, tout ce qui s'ensuit ». A-t-elle quelque chose à voir avec la catastrophe naturelle dont on mesure l'intensité sur la fameuse échelle de Richter ? Eh bien, non ! Pas plus d'ailleurs qu'avec la manifestation la plus voyante de la maladie de Parkinson. Pas davantage avec ce frisson qui nous parcourt l'échine quand on se risque à regarder le bien nommé thriller alors que, dans le pré, le bonheur nous tendait avantageusement les bras...
Pour une fois, on nous autorisera une réponse de Normand. Car, renseignements pris, c'est de ce côté de la France qu'est susceptible de venir la lumière. Si l'on en croit le Glossaire du patois normand que rédigea un certain Louis Du Bois au cœur du XIXe siècle, le nom tremblement aurait, dans ces régions, exprimé à l'occasion une « accumulation de choses », et plus souvent « d'hommes ». Il n'est d'ailleurs que trop vrai que plus on est de fous, plus on fait de bruit ! Le Littré confirmera que ce tremblement-là figure tout ce qui « appartient à une opération, dîner, emménagement, avec une idée d'embarras ». On n'est pas si loin, sur ce point précis, du non moins populaire et tout le bazar !
Mais la machine à métaphores ne se sera pas arrêtée en si bon chemin. En lieu et place du pâle etc., il nous arrive aussi de convoquer tout le tralala, ce dernier servant à stigmatiser un luxe par trop voyant. Surtout, nous aurions mauvaise grâce à oublier, un an jour pour jour après les tristes événements que l'on sait, la variante et tout le bataclan : là encore, et comme pour le tremblement susdit, on retrouve dans l'« encombrant attirail » que représente ce terme à l'origine, outre la notion d'« abondance hétéroclite », celle du « fracas » qu'elle entraîne, onomatopée oblige !
Gageons que le Goscinny d'Astérix chez les Bretons eût complété la liste d'un ironique et toute cette sorte de choses, traduction littérale et ô combien malicieuse du « so British » and all that sort of things !