Pour les héritiers du bikini,
force est de reconnaître
que ça baigne !

< dimanche 4 septembre 2016 >
Chronique

Loin de nous l'intention de lever prématurément le voile sur le contenu des Petit Larousse et Petit Robert 2018. Nul doute, pourtant, que l'un et l'autre ne mouillent déjà le maillot pour accueillir la star de cet été, le burkini !

Il y a même gros à parier que ce mot-valise, fruit de l'accouplement contre nature de burqa (ou burka) et de bikini, prendra la majuscule chez Larousse, puisqu'il s'agit d'un nom déposé, mais pas chez Robert. Si l'on considère là qu'il ne faut pas mélanger avec le tout-venant un mot qui appartient à son créateur, on pense ici que la meilleure chose qui puisse arriver à une marque, c'est encore de devenir nom commun !

Mais revenons un instant sur le fabuleux destin de cette rime en kini, laquelle ne cesse, tel le Phénix, de renaître de ses cendres depuis qu'en 1946 le bikini a vu le jour. Il n'y a plus grand monde pour ignorer aujourd'hui que le deux-pièces en question doit son nom à cet atoll du Pacifique sur lequel la marine américaine effectua des essais nucléaires. C'est un Français, Louis Réard, qui, profitant du retentissement médiatique qu'avaient connu ces derniers, inventa le vocable et le slogan de « bombe anatomique » ! Plutôt bien trouvé, non ?

Plus amusante encore se sera révélée la création du nom monokini. « Jeu de mots ! », aurait en son temps triomphé, le doigt en l'air, l'inénarrable Maître Capello... Pour baptiser ce maillot de bain réduit au seul slip, on a en effet feint de croire que le bi de bikini était le préfixe à valeur numérale qui officie, par exemple, dans bicentenaire et bicyclette. Il ne restait plus qu'à lui substituer son pendant mono, et le tour était joué ! La porte était dès lors grande ouverte à d'autres créations fantaisistes issues du même bain, comme le microkini — une tenue d'autant plus (ou d'autant moins) culottée que le bas se limite à un string — et le tankini, où le haut s'apparente au débardeur. Mais aussi les moins connus trikini (au Brésil), camikini (de camisole), seekini (bikini transparent), et tutti... kini !

Il n'aura cependant échappé à personne que la tendance s'est radicalement inversée, en ceci que l'on dissimule à présent ce que l'on s'ingéniait à montrer hier. Est-ce en se recouvrant que l'on recouvre sa dignité ? C'est au fond la seule question qui vaille et, on a eu tout l'été pour s'en rendre compte, les avis là-dessus sont passionnément partagés !