Préface et avertissement
Mesdames,
vous qui avez déjà eu l’occasion de constater
qu’en certaines circonstances le sexe fort
— ou présumé tel —
perdait beaucoup de sa superbe,
ce petit livre vous est dédié...
Ce petit livre n’a rien d’une nouvelle. Encore moins d’un roman, dont il ne possède ni l’ampleur ni l’épaisseur psychologique. Je l’aurais volontiers baptisé « essai », si le terme ne m’était apparu trop sérieux. Reste la satire ; mais quand bien même l’ensemble de l’ouvrage pourrait passer pour une description satirique des mœurs hospitalières, le mot ne conviendrait qu’à moitié. La satire — même et surtout quand elle s’abrite derrière le paravent commode de l’humour — a un côté acerbe qui me semble étranger à cet opuscule : je n’ai de compte à régler avec personne et si le petit monde des hôpitaux et des cliniques(1) se trouve parfois mis sur la sellette, c’est sans malice aucune et dans le seul dessein de faire sourire.
Il serait tout aussi absurde — je m’empresse de le souligner — de considérer cette œuvre de fiction comme un documentaire digne de foi sur les milieux hospitaliers : les lignes qui suivent ont beau puiser une part appréciable de leur inspiration dans bon nombre de faits authentiques, l’ensemble n’en accuse pas moins une certaine schématisation, qui ne peut trouver d’excuse que dans les contraintes de l’humour. Les infirmières ne sont que rarement — Dieu merci ! — les dragons qui sévissent dans ces pages et le chirurgien, dans la réalité, fait souvent mentir le personnage qui est censé le représenter ici(2).
Est-il bien nécessaire, finalement, de chercher pour ce livre une quelconque étiquette ? De vouloir y trouver autre chose qu’un simple divertissement ? Ne suffit-il pas de savoir qu’il s’adresse à toutes les infortunées qui, un jour ou l’autre, ont eu — ou auront — à supporter les caprices d’un mari hospitalisé ? Celles-là apprendront, si ce n’est déjà fait, que le rire est, presque toujours, le plus efficace des stimulants !
L’auteur
(1) Les lecteurs attentifs (pardon pour ce pléonasme !) remarqueront sans doute, dans les pages qui suivent, que l’hôpital et la clinique sont indifféremment évoqués. Il ne s’agit pas là d’une erreur imputable à la négligence, mais d’une volonté délibérée de l’auteur : loin de lui, en effet, l’intention de privilégier l’un ou l’autre de ces établissements, ce dont on l’eût probablement accusé s’il s’était contenté d’une cible unique.
(2) L’auteur, dans ce paragraphe, ménage incontestablement ses arrières : s’il s’en tenait aux seuls défauts du personnel hospitalier, ne risquerait-il pas de se voir réserver un traitement de faveur dans les établissements susceptibles de l’accueillir tôt ou tard ?... (note de l’éditeur)