Les mots pour le dire

< octobre-novembre 2020 (H.-S. 109) >

Quand on pense qu'il y a quelques temps encore on en était réduits à travailler sur place ou à distance, alors qu'aujourd'hui s'offre à nous sans compter les délices insoupçonnées du « présenciel » et du « distanciel » ! C'est que, depuis le gallimatias des précieuses dont se gossait un certain Molière, notre langue se montre rarement avare de ses mots m'as-tu-vus et ronflants qui sont autant de poudre aux yeux lancés à la face des gogos. Gogos peu prou consentant, d'ailleurs, car sentant confusément que le maniment de formules absconsses a tôt fait de poser son homme ! Quoiqu'ait prétendu à ce sujet un poëte dont nous tairons ici le nom, le flacon n'a jamais été étranger à l'ivresse...

 

Il y a quelque temps (non pas plusieurs temps, mais un certain temps)

on en était réduit (la marque du pluriel serait concevable si le sujet on remplaçait familièrement un nous ; ici, au contraire, il s'agit de l'indéfini qui renvoie, non à des personnes précises, mais à tout un chacun)

s'offrent (accord avec le sujet inversé délices, traditionnellement féminin au pluriel)

présentiel

galimatias

se gaussait

de ces mots (la relative qui suit prouve que l'on a affaire au démonstratif)

m'as-tu-vu (adjectif invariable)

lancée (accord avec poudre, et non avec yeux)

peu ou prou

consentants (à la différence du participe présent sentant qui suit, il s'agit ici de l'adjectif variable)

maniement

absconses

Quoi qu'ait prétendu (en deux mots, le remplacement par bien que se révélant impossible)

poète